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LES HISTOIRES DE PUITSPELU 463 Puitspelu est de ces docteurs. Le suprême de son art est de n'avoir point l'air d'y toucher et de rechercher l'inté- rêt et l'émotion dans la simplicité des descriptions et la sobriété des moyens littéraires. Ne craignez point qu'il vous égare dans les festons et les astragales d'une phraséologie pompeuse ou alambiquée. C'est à la netteté du trait, à la correction de la ligne, à la simplicité voulue de la phrase qu'il demande ses effets. Il nous étonnerait fort que Puitspelu n'admirât pas beau- coup Mérimée, car tous deux relèvent de la même école, où, à mesure que le drame devient plus émouvant et plus intense, le langage se resserre et se condense dans un moule plus étroit d'où jaillit l'émotion comme une source contenue. II Mais je m'aperçois que je ne vous ai pas raconté encore « les histoires de Puitspelu » A quoi bon? Vous les lirez vous-même, si vous ne les avez lues déjà , dans leur bonne et belle édition, imprimée par Stork, un autre du Gourguillon, et vous y gagnerez de ne pas voir déflorer par un résumé nécessairement incomplet des récits qui, ré- pétons-le, empruntent surtout leur charme à la façon dont ils sont contés, à la séduction littéraire d'une forme châtiée et impeccable, non moins qu'aux détails exquis que l'on rencontre à chaque page. Savourez, par exemple, ce croquis de l'ancien Café Neptune, sis sur le pont de Pierre, au-dessus de la Mort qui trompe. « Ce soir-là , la salle d'été était pleine. Les garçons cou- raient entre les tables de marbre blanc avec leurs plateaux