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358   '             SOUVENIRS LYONNAIS

gique. On devine aisément le chagrin de sa mère, de cette
pauvre mère qui avait toujours été trop bonne pour avoir
jamais eu de l'autorité.
   A Bruxelles, Charles rencontra un jour, par hasard, deux
dames étrangères visitant comme lui le Musée. Une dis-
cussion sur un point quelconque de l'art s'était élevée et se
poursuivait, en anglais, entre ces deux dames; Charles fut
assez heureux pour leur apporter une solution dans la
langue dont elles se servaient, et qui, du reste, n'était pas
la seule à leur disposition.
    Ces dames étaient la femme et la fille de M. Muloch, avo-
cat célèbre de New-York, le frère du banquier de ce nom.
Elles commençaient, par la Belgique, leur visite de l'Europe.
    A la suite de cette rencontre, des rapports plus fréquents
 et chaque jour plus intimes s'établirent naturellement et
 très rapidement entre ces dames et notre jeune homme.
 Charles Legendre avait tout ce qu'il fallait pour intéresser
 et pour plaire; aussi ne tarda-t-il pas longtemps à pouvoir
 se croire, sans fatuité, aimé par la jeune Américaine. Quant
 à miss Muloch, ravissante de santé, de fraîcheur, de gaieté,
 elle n'eut aucune peine à se faire aimer en retour.
   Le mariage fut donc vite décidé, et l'on pense bien que
le consentement de Mme Legendre ne se fit pas attendre.
Ce mariage fut célébré à Bruxelles ; et dès lors, Charles se
trouva en possession, non seulement d'une charmante
femme, mais encore d'une belle dot, ce qui n'était certes
pas à dédaigner dans les circonstances que nous connais-
sons. Les jeunes époux arrivèrent bientôt à Paris avec
Mme Muloch mère, femme de tête et de beaucoup d'intelli-
 gence; les dettes furent payées; le jeune couple, bien
 assorti, plein de bonne humeur, passait gaiement sa lune
 de miel en fêtes et en spectacles.