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                     DU CONSERVATOIRE                       307

le goût à Lyon ; les programmes doivent sévèrement écar-
ter toute oeuvre qui porterait en elle l'intention de forcer
un succès facile par de regrettables concessions. Nos Con-
certs doivent rester purement classiques, et seuls les chefs-
d'œuvre incontestés de l'école moderne doivent y trouver
place, au milieu des grandes oeuvres classiques.
   La tentative de Pasdeloup, à Paris, a suffisamment dé-
montré combien vite se forme l'éducation du goût. Quatre
orchestres attiraient, chaque dimanche, une foule de plus
en plus nombreuse, dans une ville où si peu de temps avant
la salle du Conservatoire s'ouvrait, une fois par mois, devant
un petit nombre de privilégiés. Et, encore, devons-nous
constater que le succès atteignit son apogée à l'époque où
l'orchestre fournissait tout le concert sans avoir recours aux
artistes étrangers, aux solistes et aux chœurs.
   Avant d'aborder l'étude des œuvres interprétées dans
nos Concerts, il est juste de rappeler avec quelle touchante
abnégation nos excellents professeurs Aimé Gros, Luigini,
Holtzem, Ribes, Grillon, Mmes Mauvernay et Pouget ont
oublié toute rivalité, pour grouper les éléments d'une belle
masse chorale et d'un excellent orchestre.
   L'oubli des discussions d'école et des questions person-
nelles pour l'amour du grand art fait le plus grand honneur
à nos professeurs. C'est, du reste, le propre des véritables
artistes de se placer au-dessus des jalousies mesquines.
   Si les difficultés étaient grandes pour réunir des chœurs
suffisants, eu égard au peu de temps dont on disposait, on
ne pouvait avoir les mêmes préoccupations pour l'orchestre.
Luigini a créé et discipliné une phalange d'instrumentistes
supérieure certainement à tout ce que nous nous rappelons
avoir jamais entendu à Lyon.
   On n'a plus à faire l'éloge de l'harmonie : flûtes, hautbois,