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CHRONIQUE LOCALE 471 ports, Ecully était en fête ; les cloches de l'église sonnaient à toute volée, et on remarquait surtout le son de la plus grosse, qui semblait célébrer avec plus de joie que les autres la solennité de ce jour. On célébrait le centenaire de la naissance de M»e Louise Lacène, la bienfaitrice de la paroisse, la marraine de la grosse cloche, la prési- dente de toutes les œuvres de piété. A ces titres à la vénération, Mm« Lacène ajoutait celui d'être la belle-sœur du célèbre orateur lyonnais Camille Jordan, et d'avoir autrefois reçu dans la ravissante propriété qu'elle habite, Chateaubriand, le duc de Montmorency, Mi>es de Staël et Récamier; Ballanche, Ampaire, et tous les hommes de Paris et de Lyon qui avaient porté un nom. Le dernier fidèle de cette pléiade brillante, M. Etienne Mulsant, bibliothécaire de la ville, lui avait envoyé un splendide bouquet, accom- pagné de vers comme on en fait à vingt ans quand on a l'avenir de- vant soi, ou à quatre-vingts, quand on supporte vaillamment le poids de la vieillesse. Mme Lacène a vu combien il est doux d'être aimé de toute une population. Mais tout s'efface, tout s'oublie, en ce moment, devant les préparatifs de l'immense fête de bienfaisance qu'on doit donner, le mois prochain, pour le soulagement de nos pauvres ouvriers si cruellement éprouvés. Cette fête, organisée par la presse lyonnaise, sans acception de cou- leur et de parti, prend, en effet, 'des proportions qui dépasseront tout ce que les plus ambitieux avaient rêvé. Quatre comités : des arts, de la tombola, de la vente par les dames, et des finances, fonctionnent tous les jours et se réunissent chaque soir, rue Confort, 14, pour se partager le travail du lendemain. Et ce n'est pas un spectacle commun ou vulgaire que de voir ces jeunes écrivains, vaillants défenseurs de leurs opinions, laisser leur drapeau à la porte, se serrer courtoisement la main et ne lutter que de dévouement et de zèle pour adoucir le sort des malheureux que le froid fait si durement souffrir, et que le manque d'ouvrage réduirait si facile- ment au désespoir. De cette union momentanée puisse quelque bien ressortir dans l'ave- nir, pour la dignité de la presse de notre ville I Par les soins des comités, les notabilités de l'administration, de la magistrature, de l'armée, de l'industrie, du commerce et des arts ont été convoquées, le 20, dans les salons Casati, et organisées en commission d'honneur ou de patronage. Une autre réunion a eu lieu le 22 dans