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434 DEUX MOIS EN ESPAGNE lais de la municipalité décoré par Charles-Quint; la troupe en armes et musique en tête, fait des stations à tous les re- posons ; mais tout-à -coup il se fait un grand mouvement dans la foule, tous les yeux se portent sur l'entrée de la rue, c'est le duc de Montpensier chargé par la reine de pré- sider à la fête, qui vient avec ses piqueurs à cheval, et trois ou quatre voitures de gala en inspecter les préparatifs. Ce prince, plus populaire peut-être dans le midi de l'Es- pagne que la reine elle-même, fit son entrée au milieu des plus vives acclamations de la foule, et alla prendre place dans la galerie de velours de l'hôtel de ville, où l'atten- daient en costumes tous les hauts dignitaires de l'Anda- lousie ; mais sa venue n'amena aucun changement au cérémonial de la soirée qui se prolongea indéfiniment en sérénades et en promenades dans les rues destinées à la procession. La foule diminua sensiblement peu à peu, et bientôt il ne resta que les gamins, qui lançaient des pétards et des fusées, et qui jetaient les cris de : magnana, magnana (à demain, demain) ; en effet, il était bien temps de se re- tirer, car quelques moments encore et c'était la fête elle- même qui aurait remplacé sa longue veillée. A peine la foule avait pris quelques instants de repos, que la Giralda reprenait ses incroyables carillons ; elle était dès l'aube matinale pavoisée du sommet jusqu'à sa base et ressemblait à un vaisseau géant qui va recevoir son amiral; mais elle n'avait pas été partiale dans ses couleurs de dra- peaux et, sans distinction de religion, faisait flotter tous les étendards de l'univers. Quelques heures plus tard, ses por- tes mauresques s'ouvraient de tous leurs battants, et il en sortait l'immense procession si vivement attendue, qui, dans cette occasion, se compose de toutes celles de la ville. Elle commença, comme nos cortèges en France, par une