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432                DEUX MOIS EN ESPAGNE

blessure que venaitde recevoir son amour-propre d'orateur
romantique.
   Il me reste encore à nommer à Séville un étrange
palais la Case de Pilate, possession du duc de Médina-
Cœli; il fut construit, au xvie siècle, par un de ses ancêtres
qui avait parcouru les Saints-Lieux, et voulut les retracer
dans un palais splendide, devant servir de chemin de la
croix à ses compatriotes ! Je n'ai rien vu d'aussi bizarre,
et tout est mauresque dans ce souvenir hébraïque.



                        CHAPITRE IX

            SÉVILLE, PROCESSION DE L ' A S C Ë N S I O N


   Il y a longtemps que nous ne savons plus en France ce
que c'était qu'une grande fête populaire toute religieuse;
l'Espagne ne partage point notre indifférence sceptique, et
son enthousiasme, dans les grandes solennités religieuses,
est un spectacle tout neuf pour ceux qui, comme moi, fran-
chissaient pour la première fois les montagnes des Pyré-
nées. L'adage qui veut qu'il n'y ait pas de bonne fête, sans
veille et sans lendemain, a gardé toute sa valeur en Espa-
gne, où, grâce au calendrier, la population se repose, pen-
dant la moitié de l'année, des fatigues et du travail qu'elle
n'a pas fait pendant l'autre ; l'Ascension, qui est la fête par
excellence de l'Andalousie, n'est que dans trois jours, et
cependant toute la population de Séville a fermé ses bouti-
ques, et est déjà en liesse et en promenades dans la ville.
   Dès la nuit qui la précède, tous les clochers jettent au
vent leurs joyeux carillons; j'étais bien logé pour en pro-
fiter, à quelques mètres seulement de la fameuse tour de la