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4J0 DEUX MOIS EN ESPAGNE conservé ; il est à peu près construit sur le même plan, et se compose de plusieurs cours de marbre, entourées de portiques. Faire une description de son ornementation serait répéter ce que nous avons dit de l'autre; et par suite des restaurations du roi d'Espagne, on aurait de la peine à restituer son plan, sans les souvenirs de celui que j'ai déjà décrit; il a une grande cour plus vaste que celle de la Fontaine aux lions, et une salle des Ambassadeurs, la plus vaste pièce arabe que j'aie rencontrée, et dont il est impos- sible de ne pas admirer le dôme à jour en marqueterie de nacre qui la décore. Les rois d'Espagne, comme je l'ai dit, ont essayé de compléter ce palais tombant probablement en ruine dès leur époque, mais, selon l'usage du temps, dans un tout autre style. Don Pedro et surtout sa célèbre maîtresse Padilla y ont laissé de nombreux souvenirs, entre autres cette petite chapelle de faïence, aux peintures si naïves; mais ils ont taché de sang ses parvis, et l'on montre à l'é- tranger le lieu où fut assassiné Don Frédéric. Les bains, sous le palais même, diffèrent complètement de ceux de Grenade ; c'est une vaste piscine couverte d'ar- cades, qui ressemble parfaitement à un grand lavoir d'hos- pice; ses dimensions donnent une haute idée du nombre des Odalisques des Khalifs, et Padilla, qui s'en servit plus tard, dut s'y trouver à l'aise quelle que fût la quantité de ses suivantes. Les jardins ont conservé leur caractère arabe ; remplis de pièces d'eau et de terrasses, ils sont dominés par une galerie d'où on peut saisir tout leur ensemble. De l'Alcazar, j'allai au palais Saint-Elmo qui est à côté; le duc de Montpensier, qui l'a acheté de la reine d'Espagne, m'avait donné une permission pour le visiter ; il est dans une délicieuse position, entre le fleuve et la promenade de la ville ; c'est une fort belle résidence royale, et d'une ar-