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414 ORIGINES DE LUGDUNUM gius : celui qui nous occupe ; celui que mentionne M. de Bois- sieu ; celui de Ganymède, prince troyen, de qui le tombeau fut connu dans l'antiquité sous le nom d''xf»n!y£/«» « monu- ment d'un Harpage, d'un mortel disparu prématurément par l'ordre des dieux, (1) » Cette formule est si peu r o - maine, que les lapicides latins, qui n'en comprennent le sens ni la portée, se bornent le plus souvent à la remplacer par rapte, vocatif de raptus, enlevé ; translation fidèle quant à l'idée de rapt, mais inexacte quant à la pensée intime, la pensée d'immortalité (2). Réminiscence grecque, arpagi doit son introduction dans Lugdunum aux Massaliotes, et peut-être aux Hellènes de l'Egée et de l'Asie-Mineure, établis au confluent du Rhône et de la Saône, dans le cours des trois premiers siècles après J.-C. (3) ; rite gaulois, il put être apporté dans cette métropole lorsque, ainsi que je l'établis en mon premier chapitre, les Ségusiaves en jetèrent les fondements. Quoi qu'il en soit, si les noms de Harpyes et de la Harpe appartiennent incontestablement à la langue d'Hésiode et d'Homère, ceux i'Arpa, Arpha, Arpus, Arphus, Arpagius, peuvent être revendiqués avec non moins d'autorité par les Gaulois : gaélique arbb (arv, arph) détruire, enlever avec violence, produit arbhach (arvach, arphach) qui fait dispa- raître, destructeur. (1) Colonia, ouvr. ct7.,pp. 210 et 211. (2) M. de Boissieu, ouvr. cit., ibid. — La formule arpagi revit indu- bitablement dans cette autre : RAPTUS A DIIBUS (Orelli, no 4608), que remplace sur un monument chrétien la mention pieuse accersitus ab angelis, appliquée à un enfant. SEVERO FILIO DVL CISSIMO LAVRENTIVS PATER. BENE ME RENTI Q.VI BI KIT A N N . l O I . ME. VIII. DIES. V. ACCBRSITVS AB ANGELIS. VII IDVS. IANNVA. Orelli, n° 4724.