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                    ORIGINES DE LUGDUNUM                      407
 pie arverne parlait encore son idiome national (1), la no-
 blesse seule, à cette époque, ayant adopté l'usage du latin
 (2). L'action du moyen-âge n'apporta pas un changement
 énorme à cet état de choses : isolés par un système de mon-
tagnes circonférentes, longtemps dépourvus de grands che-
mins praticables, les habitants de l'Auvergne ne résistèrent
pas moins énergiquement à la civilisation et à la langue po-
licée d'Oïl que leurs ancêtres à la civilisation et à la langue
 de Rome ; l'accession de leurs voisins de l'est et du nord-
 est au type uniforme moderne était déjà chose en partie
consommée, qu'ils se tenaient encore, eux, dans la fermeté
presque entière de leur état primitif. C'est ainsi qu'ils pu-
rent prolonger jusqu'à nos temps l'usage d'une foule de dia-
lectes pleins de termes et de réminiscences de leur passé
gaulois. Ahrbadit est l'un de ces termes, l'une de ces rémi-
niscences; mais l'orthographe donnée par l'abbé La Boude-
rie n'est qu'une transcription fautive, créée au moyen de la
métathèse de 17;. Réintégré à sa place régulière, ce carac-
tère produit arbhadit, leçon conforme aux origines du mot :
gaélique arbh, détruire, enlever avec violence, arbh-3.ch,
qui fait disparaître, destructeur ; dace Arph-a, Arph-us, dieu
ravisseur; sanscrit arv, détruire (bh gaël. = z/ sansc, et v,
quelquefois/franc). Quant à la finale it, sa présence an-
nonçant une action subie ou passive, analogue de la flexion
the, ithe, te des participes passés gaéliques, et et des parti-
cipes passés cymriques, le sens qu'elle procure à la racine
arbh est : « enlevé, détruit. »
  Néanmoins, tel qu'il est écrit au glossaire des environs
de Murât, ahrbadit suffit amplement à démontrer la vérité
de la thèse que j'ai soutenue dans l'article inséré par la

  (1) « Sermonis celtki Squammam » (Sidon., Epùt., III, 3).
  (2) « Quos olim latines fieri exegeras » (id., ibid.).