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39<3 ENCORE LE LAC TRITON formels ? Mon savant contradicteur n'en cite aucun ; il prend même la peine de s'en excuser pour ne pas nous fa- tiguer « par l'étalage d'une érudition facile ». Mais, au con- traire, c'est ce qu'il fallait faire. Je ne doute pas que M. Pé- lagaud ne soit capable de faire les choses les plus difficiles du monde; mais qu'il veuille bien condescendre jusqu'à en faire de faciles ; sa réputation de savant n'en souffrira pas et il aura éclairé de ses lumières les ignorants comme moi. D'ailleurs, il ne peut se dispenser de produire ces textes formels qui doivent lui donner raison. En attendant, au lieu de ces textes formels qu'il dit connaître, il ne mentionne qu'un passage de Diodore de Sicile sujet à commentaires ( i ) . Il avait invoqué l'autorité (i) Il y aurait tout un travail à élaborer au sujet de ce lac Triton. C'est là de ces nombreux problèmes historiques que nous ont légués les compilateurs anciens, et dont la solution est si difficile faute de pos- séder les textes originaux. M. Pélagaud, en cherchant péniblement un lac problématique pour se justifier d'avoir méconnu le vrai, ne s'est pas aperçu des caractères tout hypothétique du texte qu'il citait. Je ne veux pas le chicaner sur l'erreur qu'il a commise en attribuant à Diodore une histoire des Atlantes qu'il n'a jamais écrite, je veux simplement lui faire observer que ce n'est pas à propos de l'histoire des Atlantes, mais de celle des Amazones lybiques que Diodore mentionne, avec toute la réserve que comportait le fait, la disposition du lac Triton. Cette observation est essentielle en ce sens qu'elle établit que les évé- nements mentionnés sont bien antérieurs à la guerre de Troie, et pour qu'elle détermine l'autorité que l'on doit leur attribuer. Le célèbre com- pilateur a pris, en effet, le soin de dire que le récit qu'il donnait était emprunté à des poètes, à d'ancien écrivains mystiques, et spécialement à Darvys, auteur d'une histoire des Argonautes et d'une histoire de Bac- chus. M. Pélagaud attribue donc à la narration de l'annaliste sicilien, une certitude qu'il ne lui accordait pas lui-même et une responsabilité qu'il n'acceptait pas, en écrivant : « Ce lac, disait Diodore, a disparu... » C'est traduire bien incorrectement le texte original. Diodore ne disait pas, mais il a écrit ; on disait, on dit, on raconte, fertur, xîytTitt ce qui n'est pas du tout la même chose. Et ailleurs, dans ce même récit, il