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388 ENCORE LE LAC TRITON et à Carrare ; il lui est permis de dédaigner les documents qui n'ont pas été relevés sous ses yeux et sanctionnés par son contrôle direct ; mais pour moi qui ne suis rien de tout cela et qui ne prétends pas discuter les assertions des gens instruits qui ont vu sur place, il m'est permis d'avoir rai- son d'après eux, jusqu'à ce que l'on me prouve qu'ils se sont absolument trompés. Par conséquent, tant que M. Pé- lagaud ne m'aura pas démontré que M. Henri Duveyrier a donné de fausses cotes d'altitude, je maintiendrai que le Sahara s'élève brusquement en plateau au-dessus du sol occupé jadis par le lac Triton. Me voilà donc, je l'espère, débarrassé du brevet d'igno- rance dont M. Pélagaud m'a si libéralement gratifié, je suis ignorant par moi-même, j'en conviens, mais avant de traiter la question, j'ai pris soin de l'apprendre des savants qui l'ont étudiée directement. Et puis, est-il donc absolu- ment nécessaire d'avoir été sur place pour avoir le droit de parler ? Si les savants ne parlaient que de ce qu'ils ont vu par eux-mêmes, leur bagage littéraire serait bien mince. Ne sait-on pas, d'ailleurs, que recueillir des observations est une chose et les mettre en œuvre une autre ? Qui peut ignorer que cette dernière opération est la plus importante, et que ce ne sont pas les collecteurs d'observations qui sont toujours les plus aptes à construire un monument scientifique. Mais cela importe peu à notre débat et dès lors qu'il s'agit d'un fait historique datant de plus d'un millier d'années et qui ne peut être étudié que dans les anciens écrivains, je suis à Lyon aussi bien sur place que M. Pélagaud qui a été en Afrique et, ne l'oublions pas, au milieu des Alpes Apua- nes — un bien vilain nom ! Je ne retire donc pas mes deux assertions, relevées spé- cialement par mon adversaire, à savoir : que les Romains,