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ENCORE LE LAC TRITON 385
de Ptolémée, cette flaque d'eau stagnante était traversée,
alimentée par un fleuve qui se jetait dans la Méditerranée.
Mon honorable contradicteur ne craint pas de me
taxer d'ignorance et de m'engager « à apprendre avant de
reprendre ». Il me semble que s'il s'était donné la peine de
contrôler mes assertions au lieu de les condamner d'autorité,
sansexamen, il aurait constaté qu'elles étaient basées sur une
étude assez minutieuse de la question et des auteurs qui l'ont
traitée. Ainsi, j'ai parlé d'une époque où le lac Triton a dû
se confondre avec la Méditerranée : cette opinion est auto-
risée par celle d'un savant, M. d'Avezac, qui estime que,
du temps d'Hérodote, le lac Triton se confondait avec la
petite Syrte, le golfe de Gabès actuel.
Par la même raison, M. Pélagaud se serait épargné une
assez plaisante méprise. Me raillant très agréablement
de mon ignorance, il me révèle l'existence de Pline l'An-
cien et me signale l'expédition de Suetonius Paulinus. Et en
disant cela, il ne s'aperçoit pas que j'avais mentionné très
clairement cette expédition dans une phrase qu'il a pris la
peine de reproduire in extenso, mais, paraît-il, sans la com-
prendre. « Les Romains, avais-je dit, ont bien poussé une
« expédition jusqu'à l'oasis d'Asben, mais à travers les pla-
« teaux rocheux qui dominent la plaine. » Je le demande :
à quelle autre expédition romaine que celle de Suétone
Paulin peut s'appliquer ce passage ? et comment M. Péla-
gaud n'a-t-il pas remarqué que j'ai fondu, dans ces deux li-
gnes, les notions fournies, non-seulement par Pline, mais
aussi par Ptolémée et Marin de Tyr, en y joignant l'opinion
de M. Vivien de Saint-Martin, Ã laquelle j'ai cru pouvoir
me conformer sans crainte ? Il faut convenir que si mon sa-
vant adversaire a lu si légèrement mes modestes observa-
tions, on ne doit pas s'étonner qu'il n'en ait pas reconnu la
portée et qu'il les ait rejetées avec tant de dédain. Je tenais
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