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DEUX MOIS EN ESPAGNE 363 de ce passage qu'il ne fit que copier ces monuments, et se contenta d'en embellir et agrandir les proportions. Il semble donc que ce magnifique temple ne coûta pas à son créateur d'aussi grands frais d'imagination que sa réputation européenne pourrait le faire croire, car il ne consiste qu'en des rangées de galeries posées les unes à côté des autres, soutenues chacune par une double rangée de colonnes, toutes de la même hauteur et d'un aspect général uniforme, et ayant de distance en distance de petites coupoles, leurs toits particuliers, ce qui leur donne l'appa- rence d'un camp dont chaque rangée de tentes s'ouvrirait à l'extrémité sur un jardin d'orangers. L'ensemble forme donc un immense carré c#énelè, dont un tiers est occupé par des orangers séculaires que baignent de nombreuses fontaines ; c'était sur ce charmant vestibule que s'ouvraient toutes les portes de la mosquée; on com- prend que toutes ces entrées étaient peu commodes pour une église ; les Espagnols les ont murées, mais par mal- heur, elles étaient indispensables pour l'éclairage intérieur de l'édifice comme pour son élégance, car chaque galerie se terminait alors par un berceau de verdure. Les colonnes qui soutenaient ces galeries étaient au nom- bre de mille; nous expliquerons comment elles se trouvent maintenant réduites à huit cents, et les nefs qu'elles sou- tiennent n'ont guère que de trente à quarante pieds de hau- teur ; un bâtiment qui n'a que cette élévation intérieure,, avec une longueur et une largeur colossale, a naturellement un air écrasé. Ainsi, c'est tout le contraire de ces sveltes cathédrales d'Espagne, dont on continue cependant à pré- tendre qu'il a été le modèle ; c'était bien pour les Arabes le cas de développer un grand plan de construction inté- rieure,, s'ils en eussent été capables. Ce que je dis là ne doit point s'appliquer à l'extérieur de leurs bâtiments, car