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LES TRANSFORMISTES 297 Voici la théorie, à l'aide de laquelle on veut aujourd'hui expliquer toute la création ; car du premier végétal cellu- laire, on peut, par des degrés insensibles, passer d'une part aux végétaux les plus divers, mais aussi d'autre part aux cellules animales les plus infimes et de celles-ci aux plus grands animaux et même à l'homme, si on y tient. Par cette théorie, on veut tout expliquer aujourd'hui dans Tordre des créatures, sans le créateur; on veut habituer l'es- prit à se passer de celui-ci de plus en plus ; car l'ayant chassé de la science, il deviendra possible, par la science, de le chasser de partout et d'anéantir la religion. Cette théorie, fondée et mise au jour depuis longtemps, tire son plus solide fondement de ce que, entre deux ani- maux voisins, on trouve toute une série d'animaux éteints, qui,' par des degrés en quelque sorte progressifs, aident l'es- prit à passer d'une forme à une autre fort différente. Mais néanmoins, on ne peut saisir la transformation dans son œuvre. On voit seulement chez le cheval des doigts laté- raux qui sont rudimentaires ; chez un de ses prétendus pré- décesseurs les doigts sont au nombre de deux et les autres sont encore athrophiés et ainsi de suite. De ces faits, on a conclu à la transformation progressive d'un animal en un autre ; mais il eût été plus naturel de croire qu'il existait un grand plan dans la création, tracé d'avance par le créateur ; seulement, le libre-penseur, athée de profession, ne peut admettre la seconde explication; il professe donc la première jusqu'à ce qu'il soit arrêté par un obstacle infranchis- sable, alors il créera une nouvelle théorie aussi peu solide que la précédente. Le croyant admettra, au contraire, qu'il existe un plan dans la création et reconnaîtra l'unité de l'es- prit de son créateur dans cette loi de progression des for- mes apparentes successives des animaux; mais il admettra en même temps volontiers que l'esprit créateur est resté lié