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282            LA CHASSE AUX CHAMPIGNONS
leva pour nous recevoir et, à la présentation de l'album, il
partit d'un immense éclat de rire, qui nous réchauffa le
cœur.
   — Rassurez-vous, dit-il, père Groboz ! ces messieurs
n'espionnent que la belle nature. Mais, ajouta-t-il en s'adres-
sant à Charles, ce croquis est délicieux ! Permettez-moi,
Monsieur, de vous en faire mon compliment. Malgré le
désagrément que vous cause cette petite aventure, je me
félicite de l'heureux hasard qui me donne le plaisir de ren-
contrer ici un artiste. Moi'aussi, Monsieur, je m'occupe de
peinture
   — Tiens ! Jérôme, s'écria brusquement le Maire, tu n'es
qu'une bête !
   — Je ne dis pas... Monsieur le Maire, je ne dis pas...
bégaya le garde déconcerté. Quand on ne connaît pas le
monde, vous savez...
   — On n'arrête pas des bourgeois qui ne font point de
mal !... Asseyez-vous donc, Messieurs! continua le Maire
pour réparer la bévue. Asseyez-vous donc!
   Et, ce disant, il courut à la cave chercher du plus vieux
et du meilleur. Le garde et le pâtureau s'en allaient, tout
honteux. Nous les fîmes asseoir, et l'on trinqua de bon
cœur et sans rancune. Puis, ils retournèrent l'un à ses
moutons et l'autre à ses voleurs, promettant bien de ne
plus nous inquiéter à l'avenir, quand nous viendrions
cueillir des champignons dans les buis. A la campagne, un
verre de vin cimente tous les contrats.
   — A propos de champignons, dit l'aimable Maire,
comme il est trop tard pour aller dîner chez vous, je vas
vous apprêter ceux que vous avez récoltés ; vous me don-
nerez vos conseils. Nous mettons le couvert à midi. Ça me
procurera l'honneur de faire meilleure connaissance avec
ces messieurs.