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LES VIEILLERIES LYONNAISES 213 d'histoire, de langage, fi donc! cela est fatigant; on pense si peu aujourd'hui, le temps presse et il faut être au courant de la mode du jour. Et pourtant, que de physionomies ori- ginales nous retrace le vieux Nizier, quel haut goût dans ses narrations, quelle érudition dans ses recherches étymo- logiques sur notre excellent langage d'autrefois. J'ai lu après cela le Petit Paris de Monsekt, et sans vouloir en rien diminuer le talent de cet écrivain humouristique, je conclus que Paris doit céder le pas à Lyon. Oripeaux, nature théâtrale et fausse, lignes estompées ou repoussantes, peut-on comparer cette lanterne magique de pacotille à nos splendides panoramas, à nos amusements sans grossièreté ni impudicité, à l'aspect tout italien de nos casines et de nos vieux quartiers? Voyez plutôt l'Histoire des luttes, l'é- popée de ces héros : Exbrayat et Bouzon, Blanchard et l'homérique Rossignol-Rollin ! Nizier se rabat ensuite sur les romans. Ceci est moins local : Thérèse et Faldoni n'ont dû leur célébrité qu'aux ré- clames emphatiques et ridicules de Rousseau, de Voltaire et de Léonard. C'était la mode alors de travestir un vul- gaire et peu intéressant suicide en un poème destiné à émouvoir les cœurs sensibles. Donc, en fait de romans, rendons justice à Lyon. On y est trop sensé, trop sérieux, trop moral pour s'amuser de ces balivernes. En fait de ro- mans et de pièces de théâtre, quelques rares chefs-d'œuvre surnagent sur un océan de nullités, études profondes du cœur humain ajustées sur un éternel scénario d'amourettes contrariées. En fait de théâtre ayant sa raison d'être, Lyon avait celui de Guignol et M. Onofrio en a fait l'histoire éditée par M. Scheuring — encore un morceau de choix pour les bibliophiles. En fait de romanciers, Nizier cite quelques noms du cru ayant une valeur littéraire mais rien de spécial : Jeanne Bubuisson, La Serve, Char-