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LECTURES A LA SORBONNE 141 couleurs entre les milliers des autres œuvres d'art. Toute- fois il faut en excepter comme peintres plutôt français de touche et d'allures, MM. Léo Paul Robert, Corrodi, Giron, Karl Girardet et quelques autres peintres. Quant à l'école Suisse, en général, elle se fait remarquer, comme l'An- gleterre, non-seulement par la vivacité de son coloris, mais encore par le choix de ses sujets intimes et nationaux. Le foyer y est en vénération et, toutes les scènes que la pein- ture reproduit rassénèrent le cœur et l'esprit. — D'autre part, les grands lacs, les forêts de pins et les pics de la Jungfrau appellent nos yeux auprès des chasseurs de cha- mois. Grâces à cet art frais et vif, nous entendons la clo- chette et le ranz des vaches d'Unterlaken. Cette école fort estimable a un tempérament vraiment national, plein de patriotisme et de poésie fraternelle; car l'âme de la patrie vibre dans toutes les créations de ses gé- néreux et honnêtes artistes. — La devise : Tous pour cha- cun, et chacun pour tous éclate même dans cet art pur, doué d'un cœur élevé, qui pratique l'hospitalité et la fraternité plus que toute autre nation. La sculpture s'est un peu abstenue, par des considéra- tions très-naturelles et des cas de force majeure ; mais ce qu'il y a de plus regrettable, c'est l'abstention trop puri- taine des artistes-jurés qui ont donné là une leçon par trop rigide à tous ces jurés accapareurs des places, du jour le meilleur, et des récompenses. Non-seulement ces honnêtes et trop modestes artistes se sont mis hors concours, mais encore ils nous ont privé de la vue de leurs œuvres, et nous regrettons sincèrement les Anker, Albert de Meu- roy, Jacot et Guillermot. C'est une perte pour un concours aussi rare que solennel.