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84                LE TESTAMENT t>'uH LYONNAIS




                                   XI

     Mornieu clôt ainsi son testament :
   Faict en ma maison de Lyon, place de Bellecour, le onziesme may
de l'année mil six cens quatre vingts et quatre, lequel j'ay escrit et
signé.
                                                      DEMORNTEU.



   Le jour même qu'il fut fait, Mornieu déposa son testa-
ment chez Maître Delhorme, notaire royal. Il était tout
entier écrit de sa main et n'était par conséquent assujetti à
aucune formalité (1). On se borne aujourd'hui communé-
ment à remettre officieusement le testament à un notaire,
qui le serre dans son coffre-fort, attendant paisiblement
votre décès, s'il arrive avant le sien. Mais la solemnité, la
multiplicité des formes étaient trop dans les mœurs du
xvne siècle pour que la chose se fit aussi simplement.
Mornieu effectua le dépôt dans la manière suivie aujour-
d'hui pour le testament mystique, c'est-à-dire pour celui
qui, bien qu'écrit de la main d'autrui, est signé par le tes-
tateur et déposé officiellement chez le notaire. Encore que
le testament mystique puisse aussi bien être écrit de la


   (1) Le testament olographe, c'est-à-dire écrit tout entier de la main
 du testateur, sans témoins, était en usage dans le pays coutumier et
 non pas dans le pays de droit écrit. Or Lyon était de droit écrit. Mais
il y avait une exception pour les pays de cette dernière catégorie qui
assortaient au Parlement de Paris, et tel était le cas pour le Lyonnais.
Toutefois, il y avait encore une exception à l'exception, et quoique le
Beaujollais fût du Parlement de Paris, le testament olographe n'y était
pas valable. Décidément, ce que les légistes de l'ancien régime devaient
savoir de choses, pour ne pas se tromper, était effrayant !