Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
14            LE TESTAMENT D ' U N LYONNAIS

mariage était né Jacques d'Ambournay. François de Mor-
nieu ne parait pas avoir été jamais en très-bons termes avec
ses frères et sœurs, puisqu'il fait un premier testament en
faveur du fils de Marie Prost, et que, par le second, il
donne tous ses biens, fonds et revenu, à sa femme, Marie
de Quinson.
   Mais ce qui, dans les lignes qu'on a lues, n'aura pu
moins faire que d'intriguer singulièrement le lecteur, c'est
la mention de ce que François nomme une clause « terro-
gatoire, » consistant en cette phrase, qui n'a aucun sens par
rapport au reste du testament : Sainte Vierge, soyez-moi en
aide à Vheure de ma mort.
   La Révolution a jeté un tel abîme entre nous et l'ancien
régime, que nous avons à peu près tout oublié de ce der-
nier. Les jurisconsultes eux-mêmes, qui peuvent vous dire
 au pied-levé les moindres détails de la jurisprudence au
temps de Justinien, sont presque entièrement étrangers à
 notre droit d'il y a cent années; et le bachelier qui vous
 définira très-exactement les fonctions du préteur sous la
République romaine, ignorera jusqu'au nom de présidial et
 de sénéchaussée.
    Le fait est que le premier homme de loi, d'ailleurs fort
 distingué par sa connaissance du droit, auquel je m'adressai
 pour avoir la solution de l'énigme, trouva cette phrase si
 inintelligible, qu'il crut à une aberration d'esprit du testa-
 teur. Ce n'était pas admissible en présence de la raison et
 de la prévoyance témoignées par le reste du testament,
 dans lequel l'emploi précis des termes de jurisprudence,
 voire ces répétitions oiseuses auxquelles les notaires nous
 ont accoutumés : « J'ay faict, nomme et institue, etc., »
 indiquent d'ailleurs suffisamment les conseils d'un homme
 de loi, si l'on ne préfère supposer que François, fils d'un
 conseiller au présidial de Lyon, fût lui-même un légiste.