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450 PIERRE ET JEANNETTE été coupable ! Me pardonnes-tu ? Es-tu toujours mon amie, ma fiancée ? Me reçois-tu sans répulsion ? M'aimes- tu toujours ? » « Elle me relève, m'embrasse et me rassure sur ses sen- timents. Elle me fait asseoira côté d'elle et de sa mère. « — Mais enfin, dit-elle, de quelle infamie m'as-tu donc « crue coupable? De quel mensonge, de quelle tromperie, « as-tu voulu parler ? Je n'ai rien compris à ces paroles « foudroyantes de ta première lettre, qui m'a fait tant de « mal. Que pouvait signifier cette accusation ? « — O excellente et honnête fille, lui répondis-je, ne me « force pas à te donner une explication des pensées affreu- « ses qui ont inspiré cette lettre insensée. C'est une chose « que tu ne dois pas savoir ; c'est une folie qui m'a égaré « un moment et qu'il faut laisser ensevelie dans l'abîme « du passé. Tu es trop pure pour que je souille notre « conversation par l'aveu de mes odieuses idées. « J'ai été cruellement coupable, c'est tout ce que je peux « dire, et je t'offre mon vif repentir comme une réparation: « accepte-le, ô ma bien-aimée Jeannette. « — Allons ! garde donc ton vieux secret, puisqu'il est si « affreux, dit-elle en souriant avec une inexprimable bonté. « Et jouissons du présent. Causons, mon Pierre, de notre « tendresse et de notre avenir. » « Et de douces larmes coulaient de ses yeux; moi aussi j'en sentis sur mes joues, et je ne fus pas honteux de ces pleurs, parce que c'étaient de bons sentiments qui les pro- voquaient. « Nous nous sommes répandus alors en délicieuses cau- series, en agréables projets. « J'allai voir dans son berceau le petit Jean, ce pauvre enfant qui avait été l'innocente cause de tant de trouble. Je l'embrassai tendrement, et je dis à Jeannette : « Oui, ce