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406 LE TESTAMENT D'UN LYONNAIS Il faut rappeler que, dans l'appréciation des anciennes mesures agraires, le nom commun de bicherées représente des valeurs parfois très-différentes. Pour ne prendre que la rive gauche du Rhône, la bicherée de Bron contenait 2280 mètres carrés, soit 600 toises de 3™,80. A Chassieux, Décines, Gênas, elle n'est que de 500 toises, soit 1900 mè- tres. A Vauîx-en-Velin elle est de 1233, et de 1256 à Vil- leurbanne. A la Guillotière, comme dans le Lyonnais, elle était de 1293 mètres. Les prés de la Sablière contenaient donc environ 26,000 mètres de nos jours, et ils étaient esti- més à raison de 2$ centimes le mètre, ce qui impliquait des prés fertiles. On peut estimer ces terrains aujourd'hui à 120 fr. le mè- tre sur la rue de la Guillotière, 30 fr. sur la rue Montes- quieu, et 45 sur la rue de la Vierge. En prenant la moyenne de ces trois termes, on aurait un prix de 65 fr. Mais il con- vient, soit à cause de la grande surface, soit à cause du terrain occupé par les voies de communication, sans laquelle la plus-value n'aurait pu se réaliser, de réduire ce chiffre à 40 fr., ce qui représente une valeur nominalement cent soixante fois supérieure à celle qu'ils avaient au xvne siècle, et si l'on considère, comme je crois qu'on peut l'admettre, qu'en réalité la livre tournois valait environ 5 fr. d'aujour- d'hui, la plus-value acquise serait de trente-deux pour un. Nous n'avons pas l'emplacement exact des autres prés et saulaies, sis à la Guillotière, et dont les 30 bicherées sont estimées 3600 livres, mais l'indication du voisinage du Rhône par la désignation des saulaies, fait présumer que ce tènement devait être compris entre l'ancien domaine de la Part-Dieu au nord, le Rhône à l'ouest et la rue de la Guillotière au sud. Le domaine de la Part-Dieu était limité au midi par l'ancien ruisseau de Feurs, qui longeait à une vingtaine de mètres de distance au nord la rue de Villeroy