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                  ou L'ÉCOLE DES PAYSANS                    367




                             XI.


   J'ai déjà parlé de notre domestique Madeleine, qui avait
remplacé Pierre. Cette personne, très-intelligente et très-in-
trigante, s'informait de tout, connaissait tout ce qui con-
cernait les familles du hameau. Dès longtemps, elle avait
découvert le lieu où s'étaient retirés les André.
   Elle savait qu'un enfant était élevé chez eux. La misé-
rable chercha à ce fait des causes que ses instincts pervers
lui représentèrent comme probables, et dans tous les cas
c'était un sujet propre à exercer son infernale méchanceté.
Son associé en mauvais penchants, Thomas, était dans les
mêmes idées. Tous deux avaient arrangé à leur manière
l'adoption du pauvre petit Jean ; car tous deux croyaient
naturellement au mal.
   Après avoir fait une réception très-gracieuse à Pierre,
qui, en effet, paraissait lui plaire beaucoup, elle chercha à
s'introduire dans son esprit, à lui faire voir qu'elle s'inté-
ressait vivement à lui ; elle l'accompagna dans ses visites
au village, et particulièrement chez Thomas, qui était, lui
disait-elle, le plus éclairé et le meilleur de tous les paysans.
   La perfide ne réussit, en effet, que trop bien à captiver
la confiance de l'excellent jeune homme ; elle était entrée
dans son intimité au point de lui tenir, dès le lendemain de
son arrivée, en se promenant dans le jardin avec lui, le dis-
cours odieux que je vais vous redire tel [que Pierre me l'a
rapporté plus tard.
    « — Pierre, j'ai d'importantes choses à vous dire; vous
 êtes le plus loyal et le plus honnête des hommes, et, comme
 tous ceux qui sont bons, vous êtes très-confiant, très-cré-