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ou L'ÉCOLE DES PAYSANS 365 lieu à des développements presque poétiques sous sa plume. Ou bien il racontait des excursions qu'il avait faites le long du cours impétueux du Rhône ou en remontant celui de 3a Saône, si douce et si riante, surtout aux environs de nie-Barbe. Une autre fois, il avait gravi la pittoresque colline de Fourvière, surmontée de sa célèbre église, et il parlait avec enthousiasme du merveilleux panorama dont on y jouit. Il dépeignait aussi la belle cathédrale de Saint-Jean, bâtie au pied de cette colline ; mais il en critiquait la position trop basse, trop écrasée. Une autre fois, il avait visité la vieille et curieuse église Saint-Paul et le majestueux rocher de Pierre-Scize, coupé pour faire passer une voie le long de la Saône. Tantôt, il avait visité le confluent des deux admirables altères qui baignent Lyon, et il donnait à ce sujet une le- çon de géographie à Jeannette. Tantôt il s'était promené sur la magnifique place Belle - cour; il y avait remarqué la statue de Louis XIV, et il en profitait pour dire quelque chose d'instructif sur l'histoire. Souvent aussi il entrait dans la Bibliothèque publique, si riche et si commode pour les lecteurs, et il exprimait le plaisir qu'il éprouvait à y passer quelques heures. Pierre aimait beaucoup, en effet, la lecture. Il avait même réuni, sur un rayon de sa caserne, quelques livres choisis, qu'il relisait quand il avait le temps, et il y avait joint un atlas, qu'il consultait souvent. C'est à la lecture et à la correspondance qu'il consacrait tous ses instants de loisir, car il conservait avec fermeté sa résistance aux passe-temps ordinaires du soldat : les agré- ments de la buvette ou de la tabagie lui étaient profondé- ment antipathiques. Bon camarade, d'ailleurs, franc, ser- viable, aimé de tous, il demandait à ses compagnons la