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 PIERRE ET JEANNETTE
                              ou
             L'ÉCOLE        DES PAYSANS
                            (Suite)




    Elle réservait pour l'objet le plus intéressant à lui faire
voir un berceau placé près de son lit; les rideaux s'ouvrent
et laissent apercevoir un petit enfant, frais et rose, de six à
sept mois, qui sourit à la jeune fille et lui tend les bras.
« — C'est mon enfant, mon petit Jean, dit-elle, je vais te
raconter l'histoire curieuse de ce pauvre petit garçon. » Et
elle expliqua comment son père l'avait trouvé, comment
il l'avait adopté, et comment enfin on l'avait confié à ses
propres soins.
    « Voilà ma principale occupation, Pierre; je suis fière de
la charge qui m'est attribuée, et je me sens bien heureuse
d'être la tutrice et comme la mère de ce cher petit être que
 j'aime tendrement et qui me prodigue déjà ses gentilles ca-
resses. »
    « —Fille dévouée et excellente, dit Pierre, je reconnais
bien là ta bonté et ta charité. Je veux que cet intéressant
enfant ait aussi une part dans mon cœur; je l'aimerai avec
toi, tu me raconteras les progrès qu'il fera sous ta direction
 maternelle, et je les suivrai avec joie. »
    Je ne dépeindrai pas les longues conversations auxquelles
 se livrèrent, le reste du jour, Pierre et ses hôtes. On con-