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POLEYMIEUX 359 se sait belle, à peine a-t-elle repris possession d'elle-même qu'elle essaye une parure en souriant à ceux qui l'admirent et ainsi chaque jour jusqu'à ce qu'elle ait atteint tout l'éclat de sa magnificence. Insensiblement, la vallée au fond de laquelle nous mar- chons depuis Curis, s'élargit et un détour du chemin nous permet de voir le Mont-Thou se dresser tout au fond du ta- bleau, au-dessus de grands arbres et de mamelons boisés entre lesquels va se continuer notre route. Le crest se détache nettement sur un ciel dont l'admirable pureté est d'autant plus saisissante qu'un nuage éblouissant de blancheur, le seul qu'il y ait au firmament, reste stationnaire au-dessus de son sommet. Au-dessous du tertre en corniche qui porte la Croix, deux bandes de verdure recouvrent les flancs du mont. En haut la verdure naissante des bois et en bas la verdure éclatante des prés, mais fondues dans cette atmosphère bleuâtre propre aux sommités et qui leur donne tant de légèreté. C'est ravissant d'effet, et l'on sta- tionne un instant pour jouir du spectacle. Bientôt on reprend sa marche, et quand on a traversé un petit pont au- delà duquel le cours d'eau, qui était à gauche, passe à droite, on atteint les grands arbres que nous signalions tout à l'heure ; comme la végétation n'est pas encore aussi avancée au fond de la vallée fraîche que sur les hauteurs mieux exposées, ces arbres sont presque sans ombre ; le soleil les pénètre et au pied des peupliers aux petites feuilles blondes, des frênes dont chaque bout de branche porte un pompon d'un vert déjà prononcé et des noyers dont les pousses brunes s'échappent de leurs capsules grises, nous retrouvons les violettes et les primevères blanches et jaunes qui se mêlent aux pervenches bleues et aux anémones sauvages, tantôt teintées de violet, tantôt d'un blanc rosé. Au pied des rochers dont les mousses n'ont pas encore