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360 P0LEYM1EUX reverdi, des toufFes d'euphorbes développent leurs bouquets de feuilles d'un vert glauque, et au-dessus les chênes sont encore couverts de leur feuillage d'hiver : sous le moindre souffle de vent, les feuilles roussies par la gelée s'entrecho- quent avec un petit bruit sec et presque métallique, et, cédant alors à l'effort du bourgeon naissant, elles tombent en masse au pied de l'arbre. Tout pousse, mais rien n'est encore complètement développé; seuls les buissons ont pour la plupart revêtu toute leur verdure, et si quelque rayon de soleil vient à les frapper obliquement, on dirait des émeraudes traversées par un jet de lumière. Dans notre vallée, les pentes de gauche qui descendent du Thou, à part le monticule au pied duquel nous cheminons, n'ont que des ondulations à peine sensibles, tandis qu'à droite les contreforts qui prolongent jusqu'à nous les hau- teurs qui font suite au Verdun, présentent des accidents de terrain, qui en la rendant plus profonde et plus bouleversée, lui donnent un aspect tout autre que celui que présentent, sur le versant de Saint-Fortunat, les lignes si sévères, mais si belles du large pli qui en est la contre-partie naturelle. Au pied du premier de ces contreforts, contrefort tout couvert de vignes et couronné de chênes, s'élève sur une terrasse qui la met au-dessus des humidités de la prairie, une ancienne maison de plaisance, la Baronnie de la Blache. Cette construction est assez fruste, mais ses lignes, par leur disposition, reflètent comme un vague souvenir de l'architecture vénitienne ; aussi regrette-t-on qu'elle ait changé de destination et soit assez abandonnée aujourd'hui pour subir d'année en année des restaurations inintelligentes qui la mutilent et en changent si bien le caractère que bientôt il ne restera plus trace de ce qui en fait une pitto- resque masure. Peu après, les croupes rocheuses qui sont à notre droite