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358 POLEYMIEUX à part. Cette originalité c'est à la tradition italienne que notre architecture la devait, et cette tradition est encore assez vivante autour de nous pour qu'une étude intelligente et approfondie des constructions d'autrefois, en la ramenant dans sa voie naturelle, lui donne un nouvel éclat. A l'extrémité de Curis, on rencontre un château : c'est un bâtiment presque triangulaire, auquel les deux tourelles qui s'élèvent en avant des communs donnent seules un peu de cachet, mais le parc qui en dépend est vaste avec de grands arbres, de belles eaux et une fraîche prairie dont un ruisseau nous sépare et qu'émaillent les fleurs de la saison ; ce sont, suivant l'exposition et la nature du terrain, les pâquerettes, les violettes, les primevères, et les narcisses sauvages aux clochettes couleur de citron. De l'autre côté de la route, à droite, se coupe à pic une grande masse calcaire aux tons ocreux et dans laquelle sont ouvertes des carrières en exploitation. Les taillis de chênes du Bois de îa côte la recouvrent en partie et sur son flanc court un pittoresque chemin qui abrège pour aller à Poleymieux. Au-dessous de ce chemin, s'étendent des terrains qui affectent les mêmes tons que les roches et sur les pentes desquels se groupent des arbres fruitiers; aussi le coteau semble-t-il, par places, poudré à blanc : amandiers, pruniers, cerisiers, poiriers et pommiers font succéder leurs blanches fleurs les unes aux autres, et si quelque pêcher fait éclater, comme une fusée de feu d'artifice, ses bouquets d'un rose vif, l'oeil s'éprend de ce coloris éphémère et l'on voudrait que ce frais pastel ne fût jamais effacé. Heureusement, demain d'autres fleurs, d'autres beautés nous consoleront de la perte de celles qui ne seront peut-être plus ce soir. Le printemps c'est le matin de l'année, la nature secoue les as- soupissements et les torpeurs de l'hiver, qui est son véritable sommeil, elle s'éveille et comme elle est femme et qu'elle