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                  ou L'ÉCOLE DES PAYSANS                   281
 pouvait écrire ni à Pierre, ni à ses amis de Beauregard : ses
 parents le lui avaient défendu. Gertrude était la seule à
  qui elle adressât de temps en temps une lettre affectueuse,
 mais sans pouvoir épancher toute l'amertume de son cœur;
 elle ne voulait pas aborder avec cette jeune fille tant de
 mystérieuses complications.
    André allait de temps en temps au bourg voisin, pour
 placer les produits de l'industrie agricole de son petit do-
 maine.
    Un matin, qu'il revenait de très-bonne heure du marché,
 il entendit sortir, d'un champ de maïs voisin du chemin,
 des vagissements d'enfant; il approche du lieu d'où par-
 taient ces cris, et il découvre un joli petit garçon enveloppé
 de langes fins, qu'une mère dénaturée avait sans doute
 abandonné ; il le prend, il le réchauffe dans ses bras, il le
 porte à sa femme et à sa fille : « Prenez soin, leur dit-il,
de cet infortuné délaissé par sa mère. Quoique nous soyons
pauvres, il faut l'élever. Dieu me l'a confié, en me le fai-
sant trouver le premier ; Jeannette, tu en auras la charge et
l'honneur ; ce sera ton enfant. Nous le ferons baptiser, tu
seras la marraine, et nous lui donnerons le nom de Jean, à
cause de toi. Le bon lait de notre chèvre le nourrira. »
    Les deux cœurs excellents auxquels il s'adressait, répon-
dirent naturellement à l'élan du sien. Catherine et Jeannette
prodiguèrent leurs caresses et leurs soins à l'intéressant pe-
tit être. La jeune fille voulut l'avoir près de son lit, dans
un berceau d'osier qu'elle se procura immédiatement. Elle
lui fit prendre au biberon le lait fortifiant de Brunette. Ni
veilles, ni fatigues ne furent épargnées par elle pour accom-
plir la tâche pieuse que la Providence semblait lui avoir
imposée.
    Bientôt un petit sourire de Jean et ses bras caressants
tendus vers elle vinrent la récompenser de ses peines. En