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218                 L'EXPOSITION DE     1879

par la magnificence des costumes, famille dans laquelle do-
mine l'élément féminin, bien entendu, après la collation de
rigueur de tout Décaméron, fait de la musique; on joue du
luth et l'on chante. Tout à coup, chacun s'arrête, et la me-
sure commencée reste suspendue : on vient d'apercevoir,
de l'autre côté du fleuve, traversant un bois de pins para-
sols, tout doré par les rayons rouges du couchant, « celui
qui descend dans l'enfer et en revient à son gré, rapportant
des nouvelles de ceux qui s'y trouvent. » Un frisson de ter-
reur agite tout le joli monde si joyeux tout à l'heure ; on se
tait et, seul, un petit chien donne de la voix en voyant au
loin la silhouette rouge de l'immortel solitaire. Tout cela
vise à l'effet, à un grand effet même, mais sans l'atteindre,
parce que les personnages du premier plan, personnages
dont les corps, par parenthèse, sont bien trop longs, ont
des poses purement théâtrales et que le paysage n'est qu'un
décor d'opéra.
   Quelques toiles plus loin que M. Comte, le coloris, un
peu papillottant, de « la Fête de Son Eminence » nous attire;
c'est peint avec soin et fermeté, c'est groupé avec habileté
et c'est le sourire sur les lèvres que l'on voit Son Eminence
se levant de table pour recevoir tout un monde de religieux
qui viennent lui souhaiter sa fête, et s'apprêtant à leur adres-
ser quelques paroles pleines d'onction. En même temps que
Monseigneur quitte son fauteuil, sa chatte, une angora à la
robe blanche et soyeuse, s'élance de son coussin de satin
rose pour aller au-devant des visiteurs, pendant que les va-
lets enlèvent les restes d'un déjeuner aussi recherché qu'or-
thodoxe, pour les remplacer par les rafraîchissements et les
friandises d'usage. Du côté opposé à Son Eminence, la
porte vient de s'ouvrir et, présentés par son grand-vicaire,
les familiers de la maison s'avancent apportant des présents
tous plus riches les uns que les autres. Ce ne sont que moi-