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15e              -         CHRONIQUE LOCALE
   Les journaux ont annoncé que c'était un spécimen très-réussi de la
musique bruyante de l'avenir ; qu'il y avait du Verdi et du Wagner
perfectionné dans l'œuvre nouvelle ; quoi qu'il en soit, un ballet fort
joli, et les décors de notre peintre lyonnais M. Genivet ont charmé
même les Parisiens. C'est un triomphe sur toute la ligne.
   Aussi la Revue du Lyonnais se promet-elle bien d'aller entendre ces
cuivres aurifères dès qu'il y aura de la place. Quoiqu'elle joue le rôle
de Cendrillon dans la presse lyonnaise, elle n'en est pas moins très-
curieuse de voir cet opéra merveilleux.
   On dit que dans la joie de sa bonne fortune, M. Aimé Gros a réuni
dans les salons du café Casati, après cette célèbre première, les invités?
les artistes? (je pense les principaux) et les représentants de la presse
parisienne et lyonnaise! moins sans doute la Comédie politique, Guignol,
la Sécurité... Au fait, où diable, les admissions ont-elles bien pu s'arrêter?
   Ce souper superbe a été plein d'entrain et de gaîté ; ce qui nous fait
supposer qu'on avait laissé les frères ennemis à la porte.
   Nul n'a du reste mieux décrit cette fête que le Mémorial de la Loire
du 9; nous y renvoyons ceux qui voudront écrire Y Histoire du Théâtre
à Lyon.

   — Les mois de janvier et de février ont été signalés par quelques
 ventes de livres dans la salle habituelle des enchères de MM. les com-
missaires-priseurs.
   Jamais l'insuffisance, la pauvreté, le manque de confortable de ce
malheureux local n'ont été plus manifestes qu'à ces ventes. Le goût des
livres a beau se répandre, la curiosité avait beau être éveillée par l'an-
nonce que les livres de M. Lambert-Gentot ou du regretté M. Pezzani
allaient être dispersés; les gens comme il faut, les bibliophiles, les ama-
teurs ont refusé de se rendre dans ce petit magasin enfumé sans chaises,
presque sans lumière, qui, au coin du quai de l'Hôpital, est ouvert à
tous les passants, à tous les ivrognes et à tous les vents, et qui cependant
fait les délices et la fortune de l'éminente corporation des Commissaires-
Priseurs.
   Nous ne demandons pas une réduction de l'hôtel Drouot, mais ne
pourrait-on pas avoir mieux que le réduit dépenaillé qu'on possède ?
   La vente des tableaux de M. Delorière devant amener quelques per-
sonnes distinguées de la ville ou du dehors, on a été obligé de louer
provisoirement un appartement rue de l'Hôtel-de-Ville, où la nudité
des murailles et le manque de bien-être étaient expliqués par un provi-
 soire qui ne devait pas durer plus de deux jours.