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154 CHRONIQUE LOCALE je lu dans Y Anti-Prussien, petit journal qui, en 1871, dénonçait les ré- sidants lyonnais d'origine allemande. — Demandez-lui son extrait de naissance et celui de son père. — Restez donc tranquille. Ne lui répondez pas, et voyez-le venir. — Oui, répondis-je tout ému, je crois que je ferai bien de le voir venir. Je restai muet pendant trois jours. A l'aurore du quatrième, je reçus la menace suivante : Lyon, le 4 février 1879. MONSIEUR VINGTRINIER , J'ai l'honneur de vous aviser que si sous trois jours (!) vous ne venez me proposer un moyen convenable de faire disparaître l'assertion fausse que contient à mon sujet votre opuscule : Cailhava, page 21, je vous ferai une sommation judiciaire pour la faire disparaître de votre œuvre. Recevez, Monsieur, mes salutations. P. CLÔT. Éperdu, je courus chez le colonel : — Croyez-vous, colonel, que M. Clôt me fasse un mauvais parti ? — Vous avez peur ? — Un peu. — Rassurez-vous. Quand vous serez devant ce matamore, vous vous direz : « Une, deux, froissez, dégagez, feinte de seconde, tirez dessus. Surtout, ayez la main légère. Que diable ! c'est simple comme des œufs sur le plat dont un cordon bleu peut faire un mets délicieux. — Ah ! merci, colonel. Je courus chez un homme de loi. — Croyez-vous que M. Clôt puisse obtenir contre moi une lettre de cachet ? — On n'en fait plus. — M'envoie sur les galères ? —• On les a supprimées. — M'expédie à Synnamary, Saïgon, Lambessa ou Noukahiva ? — Un voyage vous gênerait? — Je crains la mer. — Eh bien ! offrez à M. Clôt de proclamer, dans la Revue du Lyon- nais, qu'il n'est, pas Allemand, qu'il ne l'a jamais été, et qu'il ne le sera jamais. La musique adoucit les mœurs ; M. Qot en vend assez pour ne pas être féroce. Rassuré, je m'empressai aussitôt d'écrire :