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CHRONIQUE LOCALE Nous l'avons en dormant, Madame, échappé belle .' « De même, comme dit Homère, que deux jeunes gens qui se pro- mènent en parlant d'amour, sont saisis d'effroi en voyant se dresser de- vant eux un serpent monstrueux, » ainsi fus-je frappé de terreur, ces jours derniers, lorsque vaquant aux soins de la Revue du Lyonnais, je vis s'ouvrir devant moi la lettre suivante : Lyon, le 31 janvier 1879. Monsieur VINGTRINIER, quai des Célestins, 4, Lyon. Un de mes amis me communique un extrait d'une brochure faite par vous sur Léon Cailhava, à la page 21 de laquelle vous dites : « La maison que Madame Valmore habitait était la seconde et oc- cupait l'emplacement où est Clôt, le marchand de musique Alle- mand. » Je viens vous demander, Monsieur, où vous avez pris que j'étais allemand ? C'est une assertion plus que légère de votre part. Je suis tout ce qu'il y a de plus Français et je ne crois pas que mes ancêtres aient jamais été autre chose. Comme cette allégation m'est tout-à -fait désagréable et peut m'être préjudiciable, je vous prie de vouloir bien passer chez moi le plutôt (sic) possible pour que nous voyions ensemble de quelle façon vous pourrez réparer cette assertion complètement fausse. J'ai bien l'honneur de vous saluer. P. CLÔT. Je montrai en tremblant cette lettre à quelques amis, qui en éclatè- rent de rire. — Il y a mis du temps. — Il a réfléchi. — Il y a prescription. — En tous cas, n'allez pas chez ce Monsieur ; il est sans gêne. — D'où pensiez-vous qu'il fût Allemand ? — Je ne l'avais pas inventé. Je l'avais entendu dire; peut-être l'avais-