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ou L'ÉCOLE DES PAYSANS 59 « cette lettre. Je suis sûr que vous serez bien heureux de la « recevoir. « Ma santé est excellente, je me trouve parfaitement « dans la maison de Monsieur et de Madame, qui sont bien « bons pour moi, et que je considère absolument comme « de ma famille. J'élève avec autant de soin que je peux, « leur fils, le petit Charles, qui m'est fort attaché et que « j'aime beaucoup aussi. « Je fais en même temps le jardin et la cuisine, et je vous « dirai que je ne m'en tire pas trop mal. « Vous voyez que je ne manque pas d'occupations ; « mais je ne m'en plains pas ; en se levant matin, comme « au village, on peut faire tant de choses ! Quand on a de « la bonne volonté, on vient à bout de tout, vous me l'avez « dit souvent. « Je me plais donc beaucoup dans cette maison; mais « la grande ville de Paris me déplaît fort, j'en conviens, et, « quand il faut que je la parcoure, il me prend une grande « tristesse. Ces longues rues, ces maisons toutes sembla- « blés, des pierres et des pavés toujours; c'est si différent « de mon cher village, avec ses bouquets de bois, ses prés, « ses champs cultivés, ce grand espace si vert et si gai qui « vous y entoure partout! « Et cette foule de gens inconnus qui passent à côté « de vous, sans qu'on ait le moins du monde envie de se « saluer, quelle différence avec nos braves voisins de la « campagne, auxquels on dit un joyeux bonjour et avec « qui on va en chantant au travail de la terre ! « Cette quantité de voitures qui roulent avec vitesse de « tous côtés, ces chevaux qui trottent comme des effarés « toute la journée, je trouve cela bien désagréable en com- « paraison de nos charrues qui creusent leurs profonds sil- « Ions, de nos chars et de nos tombereaux chargés de ré-