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60 PIERRE ET JEANNETTE « coites, de nos chers boeufs et de nos chères vaches qui « vous regardent avec leurs bons yeux amis. « Mais enfin je me console en revenant à ma besogne, « que j'accomplis avec conscience et contentement, sous « la direction de mes excellents maîtres. Cela me procurera « une petite aisance, au moyen de laquelle je pourrai vivre « dans une gentille maison, près de vous, s'il plaît à Dieu, « et avec quelqu'un que vous devinez certainement. « Adieu, mes chers parents, faites toutes mes amitiés à « mon frère, aux bons amis du pays. Je vous embrasse tous « du meilleur de mon cœur. « PIERRE. » Voici maintenant la seconde lettre : « Ma chère Jeannette, o Tu ne peux te figurer le bonheur que j'éprouve à t'en- « voyer une lettre de mon écriture. Je puis bien te dire « que c'est surtout pour me procurer ce bonheur que j'ai « appris à écrire ; j'ai fait d'assez rapides progrès en pen- « sant à toi, ma tendre amie, et au plaisir que tu ressenti- « rais en recevant quelques mots de ton Pierre. « Tu es plus savante que moi, tu sais depuis longtemps « parfaitement lire et écrire, car tes parents ont eu la bonne « inspiration de te faire suivre de bonne heure les leçons « de l'école des jeunes filles de notre commune. « Je m'attends à ce que tu me répondes longuement. « Dis-moi tout ce que tu voudras. Comme nous ne pensons « que des choses honnêtes, il n'y a pas de mal à les mettre « sur le papier. « Nous pouvons donc nous dire que nous nous aimons « bien, que nous sommes restés fidèles l'un à l'autre, et « que nous le serons toujours ; que notre vœu le plus cher