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LES ABFANEURS 489 Dans nos villages, on nommait affaneiirs les vignerons, les laboureurs, les cultivateurs, tous ceux enfin qui se livraient aux travaux de la terre. Affanage est encor le gage des valets de ferme, dés domestiques de la campa- gne, et affanures, le blé donné aux moissonneurs au lieu" d'argent. Un jour, dans l'un de1 nos voyages à travers les mon- tagnes du Haùt-Bùgey, nous rencontrâmes une troupe de villageois, hommes, femmes, enfants, tous un sac sur l'épaulé et cheminant péniblement : —D'où venez-vous donc ainsi? demandâmes-nous à ces braves gens. — Ali! Moussu, né venons de maïsonnâ en Bréïssie et ne z'im- pourtons chiê no ne z'affanùra. E n'y a ben per tota nostra saison ! — (Âh! Monsieur, nous venons de mois- sonner en Bresse et nous emportons chez nous nos affa- nures. Il y en a bien pour toute notre saison !..) Cette expression d'affaneur est parfaitement corroborée par cette phrase de Ducange : Lugdunensibus affaneur appellari mercenarios ruri laborenies. Ducangé, que Ton doit consulter pouf avoir l'explica- tion de nos locutions tombées en désuétude, dit qu'amans étaient des terres h labeur,"et terres ahanables, des terres cultivables. Dans d'anciennes glosés, et dans le vieux langage, on trouve ahan pour la culture, et ahaner pour cultiver là terré. En vertu de l'euphémisme particulier à notre peuple, raspirà tion de l'A'a été supprimée en faveur du sifflement de Vf, plus doux à notre oreille , et se prêtant mieux au génie de notre langue. iJiï'pfoprè au figuré il n'y a qu'un pas, et affaner est devenu l'ancien synonyme à e : se fatiguer, se tourmenter, a voir de la d ôuléur. ïous ces mots doivent nécessairement avoir un radical unique, et ce radical est ahan.