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490 LES AFFANEURS Littré donne ahan avec la signification de grand effort, tel que celui que fait un homme qui fend du bois ou soulève un fardeau pesant. Suer d'ahan, c'est faire un effort pénible. Cette locution populaire était très usitée jadis. Ahan est un mot d'origine incertaine, dit-il. Diaz le regarde comme né en France et passé de là aux autres langues romanes ; il adopte, mais avec réserve, l'étymologie de Ducange, qui la tire d'une exclamation de peine, de fatigue, han !.. D'après Ducange, Lambert Gentot met à la suite du verbe ahaner : avoir bien de la peine en faisant quelque chose, de l'espèce de cri répété par les ouvriers occupés à faire quelque chose de pénible, Bescherelle, Littré, et d'autres linguistes, font de han un substantif masculin, une onomatopée représentant le cri sourd et guttural d'un homme qui frappe un coup avec effort. Tout le monde, en effet, a pu remarquer ce cri saccadé sorti de la respiration pressée d'un fendeur de bois, d'un bûcheron, d'un paveur, d'un boulanger, d'un forgeron, d'un travailleur quelconque. Ce cri ne peut se rendre que par l'exclamation han ! ce qui constitue une véritable onomatopée. On range ce mot dans la catégorie des mots imitatifs. Quoi de plus naturel alors que de penser que le premier travailleur qui poussa un han ! fit le verbe aha- ner et le substantif ahaneur ? Il nous paraît ressortir des figures précédentes , qu'affa- neur, sujet de cette étude, ne saurait avoir d'autre origine que cette expression han, générateur d'une foule de déri- vés, lesquels rappellent invariablement à l'esprit l'idée de labeur, soit au propre, soit au figuré. On lit dans l'Histoire de Bertrand du Guesclin, par Si- méonLuce. Paris,Hachette, 4876, in 8, p. 21 ; « Un beau jour il (le jeune Bertrand du Guesclin enfermé dans sa