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                       LE THÉÂTRE A LYON                          421

Après les sécheresses du coeur, l'apparition de J.-J.
Rousseau a produit une transformation complète ; avec
le sentiment de la nature, il a donné à la femme la
sensibilité, « La femme veut être émue jusqu'aux lar-
mes ; elle court au théâtre pour pleurer, Elle pleure à
 chaudes larmes lorsque dans le Cri de la nature paraît
sur la scène un petit enfant au maillot. Au Père de
famille, on compte autant de mouchoirs que de specta-
trices. Les femmes se pressent à toutes les pièces


armes leur échappent des mains et tombent sans force aux pieds
du chantre de la Thrace. Elles paraissent un.moment adoucies par
la lyre enchanteresse ; mais, pour n'y pas succomber et pour s'em-
pêcher d'en entendre les sons, elles font avec leurs tambours et
leurs flûtes un bacchanal que l'orchestre exprime. Celle qui est' à
leur tête reste seule attendrie et s'assied aux pieds d'Orphée. Ses
compagnes furieuses veulent fondre sur le malheureux Orphée qui
tend en vain les mains pour les fléchir. La principale Bacchante
fait des efforts inutiles pour arrêter leurs transports, elle se jette à
leurs genoux pour leur demander grâce, et, ne pouvant triompher
de leur rage, elle se met entre elles et Orphée et veut périr avec
lui puisqu'elle ne peut le sauver. Les Bacchantes l'arrachent de
 devant leur victime, l'attachent à un tronc d'arbre, tombent sur
 Orphée, le déchirent et jettent son corps et sa lyre dans l'Ebre
 qui,s'agite d'horreur... Elles exécutent alors un morcea\i de danse
 qui exprime à la fois la rage et la joie qu'elles ont d'avoir tué leur
 ennemi. Ce morceau de musique dans le goût d'une tempête laisse
 percer de temps en temps les accents plaintifs de la lyre, qui,
 d'elle-même et du fond du fleuve, fait encore entendre ses sons
 douloureux.
    « Une symphonie annonce l'arrivée de Bacchus ; la terreur saisit
 les Bacchantes qui prévoient la colère de ce dîeu terrible lorsqu'il
 apprendra la mort de celui q^ii présidait à ses mystères. Elles ex-
 priment leur crainte et leur embarras par différents tableaux et
 s'enfuient en désordre. Bacchus descend de la montagne sur un
 char traîné par des tigres ; le vieux Silène et une troupe de Fau-
 nes l'accompagnent. Il est étonné de la fuite de.s femmes dévouées
 à son culte. IL aperçoit la . principale Bacchante attachée à un
  arbre» qui donne toutes les marques du désespoir et qui l'implore