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418 LE THEATRE A LYON François Auge (1), qui, dès l'année 1750, parcourait la province en compagnie d'acteurs ambulants, fit partie de la troupe de Lyon. Ce fut dans cette ville, où la co*- médie florissait, que cet acteur, qui y tenait avec succès l'emploi de la grande casaque reçut, le 18 janvier 1703, un ordre de début pour la Comédie-Française, à laquelle Armand l'avait signalé comme le seul artiste capable de le remplacer. Notre théâtre posséda aussi à deux re- prises ce célèbre Grandval (2) qui « avait sur la scène, dit La Harpe, l'air d'un homme du monde. » Il quitta Lyon pour retourner à Paris en février 1764. Lorsque son astre vint à pâlir et que Paris l'eût rejeté comme un hochet brisé, Grandval revint chercher, dans la ville qui l'avait accueilli quatre années auparavant, un public moins engoué du succès, mais plus réservé pour les talents déchus. Il faut voir comme les critiques parisiens lui donnèrent le coup de pied de l'âne : « Le sieur Grandval, dit Bachaumont, après avoir fait les beaux jours de la scène française, a insensiblement perdu toute sa célébrité et s'est vu forcé de disparaître tout à fait, à Pâques dernier. Pour mettre le comble à ses humi- liations, il vient de' s'enrôler dans la troupe de Lyon, et (1) Né à la Ferté-sous-Jouarre le 31 décembre 1733, il mourut à Paris le 26 février 1783.— V. Galerie historique des comédiens de la troupe de Talma, par E. D. de la Manne, p. 1. (2) François-Charles Racot de Grandval, né à Paris le 23 octobre 1710, mort le 17 septembre 1784. —Bachaumont fait un parallèle entre Grandval et Bellecour que nous allons voir aussi figurer sur le théâtre de Lyon. Tous deux couraient la même carrière dans les deux genres : « le premier a plus d'importance, plus de morgue, plus de faste; l'autre a plus de naturel, plus d'aisance, plus de fatuité : les rôles d'ironie, de dédain, de mépris, conviennent mieux au premier : ceux d'entrailles, d'onction, de pathétique, mieux au second (Mém, secr,, 30 janvier 1762). »