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LE THÉÂTRE A I/ÃON 417 Dès lors, des acteurs de grand talent parurent devant le public lyonnais, qui avait déjà la réputation d'être connaisseur et difficile. Pendant les années qui suivi- rent l'inauguration du théâtre, on trouve parmi nos comédiens dès noms devenus célèbres. Brizard (1), qui s'était d'abord destiné à la peinture et qui avait été élève de Vanloo, fut poussé vers les planches par M1'8 Destous- ches, directrice d'un spectacle donné à Valence, la même qui deviendra Mme Lobreau et dirigera bientôt notre théâtre. Engagé dans la troupe de Lyon, Brizard joua sur diverses scè'nes de province jusqu'en 1757, époque à laquelle MI,es Dumesnil et Clairon l'attirèrent à la Comédie-Française pour y jouer les rois et les pères nobles. H fut, paraît-il, pendant son séjour à Lyon, le héros d'une singulière aventure. Une nuit, Brizard des- cendait le Rhône en bateau, lorsque- sa frêle embarca+- tion alla se briser contre une pile d'un pont ; le mal- heureux parvint à se cramponner à la pile et attendit le jour dans cette position critique ; à l'aube, il fut sauvé ; mais, soit par la terreur, soit par les efforts surhu- mains qu'il avait dû faire, ses cheveux avaient entière- ment blanchi... Aussi n'avait-il pas' besoin de perru> ques pour figurer les vieillards. insoutenable. . ! »,— Lekain ne touchait que dix a- douze milla livres à 'la Comédie-Française. (Mém. secr,, 22 avj'il 1767). Le 28 février suivant, Mâ„¢ Denis faisait savoir au grand artiste qu'il était attendu à Fêrney pendant la semaine sainte et qu'il « pourrait jouer, en passant, la semaine de la Passion à Lyon. » (1) Britard, dit Brizard, était né à Orléans le 7 avril 1721, et mourut à Paris le 30 janvier 1791. — « Il a, dit Baehaumont, la majesté dés rois, le sublime des pontifes; la tendresse ou la sévérité des pères. C'est un très-grand acteur, qui joint la forcé au pathé- tique, la chaleur au santiment (Mém. sec. loo. cit.). »