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416 LE THÉÂTRE A LYON l'Orpheline de là Chine {!). La présence de la grande actrice sur notre théâtre était une sorte de consécra- tion ; les pensionnaires de la Comédie-Française ne croyaient pas indigne d'eux la scène qui leur avait en- voyé Préville. Déjà le grand acteur Lekain (2), sublime malgré sa laideur repoussante, venait d'offrir l'exemple, si usité depuis, de donner des représentations en province ; Voltaire, qui l'aimait beaucoup et qui l'avait produit au Théâtre-Français après l'avoir fait jouer longtemps chez lui dans ses différentes pièces, l'avait fort encou- ragé à ces tournées hors de Paris, comme en témoigne sa correspondance (3). Lekain suivit les conseils de, son protecteur et n'eut pas à s'en repentir. (1) Répert. lyon. Bibl. Coste. Arch. du Rhône, tome XIII, page 437. (2) Henri-Louis Gain, dit Lekain, né le 14 avril 1728 à P a n s , mort le 8 février 1778. Voltaire le devina et ne cessa de le protéger. Il débuta le 14 septembre 1750 et fut très-discuté. (V. les Mémoires de Lekain, Paris 1801). — « La nature avait donné à Lekain une phy- sionomie désavantageuse, une voix sombre et dure, une taille épaisse, et semblait lui opposer les plus grands obstacles. (Merc. de France, mars 1778). » Mais le travail et l'art vinrent à bout de tout : les critiques les plus éclairés du temps déclaraient n'avoir jamais entendu aucune voix humaine dont les inflexions fussent p l u s , variées, d'un pathétique plus touchant et plus terrible. II.en vint à produire une telle illusion, que dans les moments.de passion il n'était pas rare d'entendre les femmes s'écrier : Qu'il est beau I (Biog. générale). (3) — « Aux. Délices, près de Genève, 14 avril 1755 : — Monsieur le duc de Richelieu, tout malade qu'il est, n'a point perdu de temps,, mon cher et grand acteur. Il a écrit à M. de Roche-Baron, et vous avez la permission de BOUS faire admirer à Lyon, tant qu'il vous plaira. Vous devez avoir reçu cette permission dont vous doutiez ; nous vous en faisons compliment, M1™ Denis et moi, —. V. » Voltaire lui écrivait encore de Lauzanne, le S janvier 1756 : — « . . . Vous gagneriez plus en province qu'à Paris ; c'est une honte