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LE THÉÂTRE A LYON 415 ment, répondit qu'il n'était pas facile de les faire bons, et l'on se décida pour cet alexandrin : Ici le dieu des arts est le dieu des Amours. Plus tard, on substitua à cette inscription le simple mot : THÉÂTRE. Limité par l'espace, Soufflot ne put donner au monument des proportions grandioses ; mais la salle avait du moins le mérite d'être parfaitement distribuée : elle se composait de trois rangs de galeries superposées, où deux mille spectateurs pouvaient s'as- seoir commodément et voir la scène de toutes les places. Le rideau d'avant-scène représentait la descente d'Apollon chez Thétis (1). L'inauguration et l'ouverture de cette nouvelle salle eurent lieu le 30 août 1756, avec une grande so- lemnité. Après un prologue en vers libres intitulé le Réveil d'Apollon, M"8 Clairon, la célèbre tragé- dienne (2), venue de Paris pour prêter son concours à cette fête, remplit le rôle d'Agrippine dans Britannicus, avec les accents passionnés et la noblesse qui n'appar- tenaient qu'à elle. Le lendemain, elle joua Idamé dans (1) Lyon anc. et mod. V" Grand-Théâtre. (2) Claire-Josèphe-Hippolyte Legris de Latude, dite M"« Clairon, née en 1723 près de Condé en Flandre, morte à Paris le 18 janvier 1803. — C'était l'héroïne du Théâtre-Français ; elle avait une figure agréable, et surtout de la physionomie, cette autre beauté essen- tielle à la scène. « Dès qu'elle paraît, dit Bachaumônt dans ses Mé- moires secrets, elle est applaudie à tout rompre. Ses enthousias- tes n'ont jamais vu et ne verront jamais rien de pareil : c'est l'ouvrage le plus fini de l'art... Cette actrice a de tout temps eu la passion théâtrale, beaucoup de noblesse dans sa démarche, dans ses gestes de main, dans ses coups de tête. Quoique d'une stature médiocre, elle a toujours paru, sur la scène, au-dessus de la taille ordinaire (30 janvier 1762). »