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412 POÉSIE On ne languit jamais devant un site heureux, L'artiste le redonne en peignant la vallée ; Nous la rêvions toujours, la voici rappelée, Sous le soleil couchant, voici le chemin creux. Voici l'ombrage épais qu'une sourco courtise, Le taillis où l'oiseau dit ses refrains d'amour, L'horizon caressé par les rayons du jour, Feu divin que, là -haut, le grand artiste attise. Voici les pics altiers hentés par les aiglons, Voici le plus beau ciel d'Italie ou de France, Et sa limpidité nous parle d'espérance, Voici la mer et les vaisseaux que nous cinglons. . Voici la fleur, trésor léger, fraiche parure, Elle parait un souffle éclos si richement Sous un joli tissu, délicat et charmant, C'est le baiser que Dieu donne à sa créature, C'est la perle du ciel semée avec amour Sur nos rudes sentiers, pour enivrer la vue, Pour nous parler aussi de patrie inconnue ; C'est le présent chéri du départ, du retour. Voici les beaux tableaux d'intérieur champêtre, Les scènes de famille et les joyeux babys, Tous ces blonds chérubins aux candides souris Qui se roulent sur l'herbe, abrités par le hêtre. Voici mille sujets de genre et de succès, Voici les grands travaux de Vernet, la bataille, Les exploits de lions bien faits à notre taille, Le peintre et le soldat, oh ! sont surtout Français ! Admirer longuement les oeuvres du génie, De Ruysdaël, Corrège ou notre Lesueur, De ce Claude Lorrain dont la moindre lueur Fut un brillant soleil, qu'elle ivresse infinie !