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400 UNE FEMME MURÉE IX HEUREUX ÉPOUX Cependant le jeune chevalier sentait s'augmenter cha- que jour une profonde admiration, une douce sympathie pour la sage Gabrielle. S'unir à elle pour toujours, par un lien sacré, devint bientôt lé vœu ardent de son cœur. Sans aucune fortune, pouvait-il espérer d'être choisi par elle ? Quelquefois ses bontés pour lui, celles de Guillaume, lui en donnent l'espérance. Alors il prie, il demande à Dieu le don d'une épouse aussi parfaite. A peine deux mois s'étaient écoulés depuis le départ de Gaspard, Roger, à peu près rétabli, se préparait à quitter le château, lorsqu'une lettre du père abbé de la char- treuse d'Arvière apprit que le seigneur Gaspard deMor- nieux venait de mourir sur la cendre, dans de grands sentiments de pénitence et de contrition. Un drapeau noir s'agita huit jours sur le plus haut donjon; des prières furent ordonnées, un service solennel. Roger y assista en vrai chrétien qui sait pardonner, puis il se prépara au départ. « Adieu, lui dit-il, noble damoiselle,vous qui avez été, pour la sœur et le frère, l'ange de la consolation. Mon cœur ne vous oubliera jamais. » Il ne put en dire davan- tage et monta à cheval sans retourner la tête. Les sévères attraits de la vie de chevalier de Malte lui apparurent alors insuffisants pour remplir son cœur ; mais il n'osait s'en ouvrir à personne. Le seigneur de la Roche avait appris,avec la plus pro- fonde douleur, la mort terrible de sa fille. Rogey le trouva bien changé, bien souffrant, ses fils aines étaient près de lui. «Mon enfant, dit-il au chevalier, vous et moi fûmes coupables envers Emma, cette douce victime d'un époux barbare. Je déplore ma fatale ambition; vous, vous devez regretter à jamais votre fatale imprudence et la folie de votre entreprise. Pourquoi ne m'avoir pas appris votre projet? Je vous aurais fait connaître le caractère jaloux, emporté de votre beau-frère. Mieux valait ne voir votre sœur que pendant l'absence de son mari. »