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                     UNE FEMME MURÉE                      401
    Cependant l'excellent Guillaume redoutant, pour sa
nièce, le prolongement de ces terribles souvenirs, lui
proposa de s'éloigner du théâtre de tant de douleurs. Il
voulut lui faire connaître Turin, là résidence habituelle
du souverain ; Nice, la cité maritime avec son printemps
perpétuel et ses beaux oliviers.
    Gabrielle sourit à ce projet, elle se sentait mourir de
tristesse au manoir et quelque chose lui disait au, fond
du cœur de vivre pour de meilleurs Jours. •;. ••,, •<•, ,
    Lés deux voyageurs partirent à la fin de décembre.
    Le nouveau seigneur de Gramont donna ses instruc-
tions au sénéchal. Ses premiers soins furent de changer
la tenture de la chambre du crime et ses meubles; le
soleil et l'air y pénétrèrent, et Gabrielle à son retour ne
la reconnût plus. -
    Le père Athanase et Siffroy bénissaient Dieu d'avoir de
si excellents maîtres. Le Seigneur nous regarde enpitié,
disaient ils, l'âge d'or commence pour la seigneurie.
    Gabrielle vit avec ravissement la jolie et coquette ville
de Nice, caressée par les flots azurés. Philibert-Emma-
nuel et Marguerite y étaient encore,mais nos voyageurs,
en raison des catastrophes récentes de-leur famille, évitè-
rent de se présenter à la cour. Toute la ville de Nice
était encore émue du siège, du triomphe du duc sur les
corsaires, de l'histoire romanesque de son chef, le faux
Ochioli, qui venait de rentrer dans l'ordre de Malte,
après avoir obtenu une audience de la duchesse -Mar-
guerite de Valois.
    A Saint-Julien, le petit fief de Guillaume, Gabrielle se
reposa avec contentement pendant un mois; elle vit la
belle et antique abbaye de Tamié, et les moines amis de
 son oncle.
    Au mois d'avril, les voyageurs rentrèrent à Gramont ;
 ils frémirent à la pensée du crime affreux qui s'y était
 accompli. Malgré toutes les recherches, on ne put: jamais
 savoir ce qu'était devenu le corps de l'infortunée com-
 tesse. Le sénéchal ne trahit jamais le secret, et les
 ouvriers piémontais qui avaient muré le corps delà com-
 tesse, s'éloignèrent pour ne plus revenir. •;
    Bientôt tout changea au manoir, Guillaume, bon et
 juste, fit régner la justice et la paix dans la seigneurie,
 Gabrielle reprit sa vie de bonnes Å“uvres, de travail pour
 les pauvres.
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