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378 NOTICE SUR PAUL EYMARD A cette époque, on voyageait peu. Les moyens de com- munication étaient coûteux et difficiles ; chacun restait chez soi, sans s'inquiéter des perfectionnements du voi- sin. PaulEymard, plein d'activité, de courage et de zèle, tout en étudiant avec soin les secrets de la fabrique lyonnaise, la première du monde, crut ne pouvoir se dispenser de connaître le génie commercial et les procé- dés techniques du métier. Dans ce but, il parcourut la Belgique, la Hollande, la Suisse, l'Angleterre, même l'Ecosse et l'Irlande, que les voyageurs français regardaient comme des pays perdus ; et, pour se créer de nouveaux débouchés, se hasarda jusque dans cette Afrique française, nouvellement conquise, où il sut bien- tôt lier de solides amitiés, en même temps qu'ouvrir de bonnes et actives relations. Puis, comme si le souci des affaires et les fatigues des voyages ne pouvaient assouvir les facultés de son esprit et l'avidité de son cœur, comme tant de jeunes hommes éminents de cette époque, il étudia les questions sociales si brûlantes qui agitaient alors la société et se lia d'a- mitié avec Michel Chevalier, Àrlès-Dufour, Holstein, Warnier, Guéroult, qui professaient les nouvelles doc- trines ; puis, sans chercher la femme libre, rêvée par les \ nouveaux apôtres, n'écoutant que son cœur et sa raison, il épousa tout simplement et sans le consen- tement du père Enfantin, une jeune fille charmante, Ma- demoiselle Isabine Germain, dont le père était marchand drapier sur la place de Saint-Nizier, et dont la maison honorable et connue, existe encore aujourd'hui sous le nom de Villaret et Cie. Lyon, en ce moment, était le théâtre de luttes arden- tes et passionnées. Les légitimistes, nombreux et riches, n'avaient pas renoncé à l'espoir de voir, avec l'aide de