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               JOURNAL DES NOUVELLES DE PARIS                  279

 sade qui la fit tomber sur le perron : cette chute, qui ne
 fut peut-être pas d'un bon augure pour le mari, lui déplut
 à tel point que l'ayant relevée et voyant qu'un bel habit
 de damas blanc qu'il lui avait donné était perdu entière-
 ment, il lui donna une paire de soufflets en lui disant :
 « Voyez la petite salope, on lui fera faire des habits pour
les mettre en cet état. » La fille,prudemment, au lieu d'en-
trer dans l'Eglise, rentra dans le carrosse, et quoi qu'aient
pu faire le père et la mère pour excuser la cruauté de son
futur, elle a renoncé à un mariage dont le début lui pro-
mettait de si belles choses.
  . Voici encore une petite scène passée dans l'église, dont
le dénouement n'est point agréable aux acteurs princi-
paux
    Madame de Vavray, femme a"u maître des requêtes (4),
fille de M. Hatte, fermier général, et qui, quoique très-
sage dans le fond, a malheureusement pour elle une de
ces physionomies qui disent : « c'en est une », était di-
manche passé à la dernière messe des Jacobins. Comme
elle parlait avec aussi peu de décence qu'en a sa physio-
nomie, le père qui a soin de veiller pour que tout se passe
dans le respect dû aux autels, la prenant pour une de nos
sœurs, lui fit une remontrance proportionnée à l'idée
qu'il en avait. Madame de Vavray la reçut dans le même
goût, et le Jacobin, n'étant pas satisfait, envoya un
exempt qui ne la traita pas mieux que le bon père avait
fait. M. Caze le fils, jeune conseiller au Parlement, prit
galamment le parti de la dame et parla à l'exempt avec
une indécence indigne d'un magistrat; mais il fallut ce-
pendant céder et l'exempt obligea Madame de Vavray


  (1) Louis Alexandre Girardin de Vouvré, conseiller au parlement
puis maître des requêtes en i724.