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JJHE FEMME MURÉE 211 pondit Siffroy, deux autres se sont échappés en compa- gnie de plusieurs femmes et enfants. La solennité du jour n'a pas permis de les poursuivre. , — Qu'on pende ces trois prisonniers dans le bois en face des terrasses et fenêtres du château et en vue du village; ces corbeaux se balançant au vent du soir, se- ront un exemple utile à nos valets et vassaux, pour té- moigner de la prompte justice que nous savons faire de tout vassal coupable. Le sénéchal parut consterné : — Si j'osais, monsei- gneur, dit-il humblement, je prierais votre seigneurie d'épargner, au moment de la joie de ses noces, cet affreux spectacle aux hôtes du manoir; permettez au moins que le lieu du supplice de ces malheureux soit éloigné. Ja- mais notre chère demoiselle ne laissera cet horrible dra- me se dérouler à sa vue. ' — En vérité? dit le châtelain dont les passions fou- gueuses se rallumaient; n'ai-je plus chez moi droit de haute et basse justice, ou suis-je perclus? suis-je in- capable de gouverner moi-même ma seigneurie, que ma fille veuille, lorsque je réside chez moi, se mêler de mes affaires? Apprenez, sénéchal, que ma volonté est inébranlable. L'exécution sera faite avant midi. Le seigneur de la Roche voulut également intervenir et dit à son gendre': — Je viens vous prier, messire, d'éloigner le lieu d'exécution de ces mécréants. Ma fille, d'une sensibilité extrême et nerveuse, en souffrira. Emue à la pensée des adieux que nous allons lui faire, ses frè- res et moi, elle a besoin d'une autre distraction que celle que votre sénéchal va lui préparer. Gaspard répondit avec emportement à son beau-père, que la comtesse devait mieux comprendre ses devoirs et désirer le châtiment du crime.