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210 UNE FEMME MURÉE Gabrielle reçut ensuite dans ses bras l'intéressante jeune femme et se promit de tout sacrifier pour la rendre heureuse. Tout le cortège entra dans la chapelle; on se proster- na dans la cour au chant du clergé, et une seconde béné- diction du Saint-Sacrement est donnée à tous ; telles étaient alors les saintes habitudes de ces siècles de foi : la religion présidait à tous les actes importants de la vie. Sans doute, la civilisation laissait à désirer ; le peuple était grossier, souvent barbare, mais la société s'amé- liorait chaque annéesous le souffle puissant et régénéra- teur de l'Eglise. Et si l'on vit au moyen-âge quelques rois corrompus, on en vit un grand nombre qui furent des saints, et dont les exemples furent puissants pour amé- liorer leurs sujets. Bientôt, le festin réunit les convives. Gabrielle sau- va à l'avare Gaspard, bien des humiliations; tout se passa avec ordre, générosité, convenance; elle était à toutes choses, organisait tout, cette fille charmante et sérieuse, noble intelligence, faite pour régénérer tout un peuple. Gaspard montra une amabilité inaccoutumée. Il ex- prima même le désir de changer les idées du manoir, de vivre dans une cordiale entente avec ses voisins. Gabriel- le bénit Dieu de cet heureux changement dans les habi- tudes de son père, et fit-elle même tous ses efforts, pour faire régner autour d'elle la joie et la gaîté. Cependant le sénéchal crut devoir avertir le châtelain delà tentative des bohémiens, du courage du pèlerin in- connu, et de la mise au cachot de plusieurs des larrons. Sans prendre aucun souci du sauveur d'un des archers, Gaspard demanda combien de bohémiens se trouvaient dans les prisons du château. —• Trois, monseigneur, ré-