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t DE ROANNE A LA PKUGNE 201 lancolique retentissait partout dans la montagne quel- ques jours avant la Saint-Jean, époque du changement des domestiques. Ce chant n'est plus inédit; en lambeaux défiguré, il s'oublie chaque jour ; à peine les vieilles femmes se rappellent les vieux couplets, et si la musique en résonne encore à nos oreilles, le voyageur ne veut point donner un chant déjà défloré, on n'offre pmnt une rose fanée (1). Alors le curé, prenant son courage et la statue de saint Jean, confisqua le saint et abolit la fête. Les bonnes femmes et les dévotes crièrent bien un peu ; les folâtres encore davantage ; on se plaignit bien que saint Jean était en prison. « Lavez-vous la tête et les yeux à la fontaine. » C'étaient les cabarets et le diable qui n'étaient pas contents. La statue conservée dans les greniers de la cure est moderne, sans caractère et affreuse ; point de tracés de l'ancienne ; peut-être un jour dans les voies gauloises, de la goutte du four, dans les fouillis on ren- contrera l'image de pierre de la divinité antique, j'aime mieux saint Jean, et de toiîtes ces images, le vieillard agenouillé. ÎJotis parlons de fouillis et de goutte du four, c'est dire quelles étaient sous le rapport industriel les popu- lations dont nous avons vu la forteresse aux murs de Fontbelle et le reflet des croyances à la fontaine de Saint-Jean : (le culte du feu, l'art du feu), mineurs, fon- deurs et verriers. Ils exploitaient les mines de caivre de la vallée, te bitume des schistes et la poix des forêts de sapins; ils faisaient le verre. Tant de fourneaux allumés; (1) Ce chant a été publié p a r A. Allier'dans l'Ancien Bourbon- nais, 'mais il en existe dès variantes (air et paroles).