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192              JOïïRNAt. DES NOUVELLES DE PARIS

sur tout autre évêque du royaume elle aurait dégénéré en
critique de stile et aurait été plutôt du ressort de l'Aca-
démie française que du Parlement. Mais ce qu'il y a de
plus intéressant pour M. de Cambray, est la défense qu'on
lui a faite de prendre la qualité de pair de France, par ce
que n'ayant pas été reçu au Parlement comme évêque de
Laon qui lui donnait cette qualité, il n'est plus à temps de
s'y faire recevoir, et s'il continue à prendre le titre de duc
dans son mandement, on saisira son temporel (1).
   Il est bien triste de voir tant de semence de division
dans deux des plus célèbres corps du royaume qui devraient,
pour l'utilité publique et pour le leur propre, être toujours
unis ; il n'y a que le ciel qui puisse pacifier les esprits,
car je n'y vois guère de remède d'ailleurs, de la façon dont
les. choses tournent.
   Les nouvelles d'Allemagne portent que le prince Eu-
gène a un camp de 25,000 hommes sous Mayenee, et que
nous venons de faire un fourrage général à sa barbe qui
a eu tout lé succès qu'on pouvait retirer.
   La tragédie à7 A bensaid (2) a toujours un grand succès


   (t) Charles de Saint-Albin, évêque de Laon, promu en 1723 à l'ar-
chevêché de Cambray. Il était fils du régent et de la Florence. Le P a r -
lement s'occupa longtemps de ce mandement. Le conseiller Portail
avait rédigé un projet de remontrances; en février 1737, l'affaire fut
reprise et on demanda au fils d e ce magistrat communication de ces
n o t e s ; celui-ci refusa en alléguant que son père n'était plus là pour
soutenir ses opinions. Le président Pelletier fut alors chargé du tra-
vail. Les remontrances furent rédigées et présentées au chancelier
qui se plaignit devoir le Parlement s'occuper des affaires ecclésias-
tiques. La cour rendit alors un nouvel arrêt, le 21 août 1738, pour
maintenir à la compagnie la liberté d'agir à l'effetde réprimer p r o m p -
tement « les faits du schisme qui par leur impunité se multiplient de
jour en jour dans les diocèses. »
   (2) Tragédie de l'abbé Le Blanc, jouée en 1735. À une des représen-
tations, un mauvais plaisant cria, du fond du parterre, au chevalier
de Tinteniac, officier dès gardes françaises, qui était debout au mi-
lieu du théâtre:— «Annoncez, l'homme à l'habit gris de fer galonné
d'or,annoncez.»— Le ehevalier s'avança vers la rampe et cria : —
J'annonce que vous êtes des drôles que je rouerai de coups. Le
parterre se tut et la pièce continua.